Consommation durable

guide pour respecter l'océan

Bien géré, l’Océan peut jouer un rôle important dans l’approvisionnement alimentaire mondial, surtout grâce à l’augmentation de la production de l’aquaculture et dans une moindre mesure, de la production de la pêche de capture traditionnelle.

Consommer durable permettra non seulement de protéger l’Océan et ses ressources, mais aussi d’améliorer sa résilience face au changement climatique et à la perte de sa biodiversité. 

… pour sauver notre Planète, pour faire changer un système qui la détruit peu à peu, nous aurons besoin de toutes les idées, de toutes les volontés, de tous les moyens mobilisables. Nous aurons besoin de multiplier les initiatives, des plus confidentielles aux plus globales, des plus classiques aux plus innovantes. Et nous aurons besoin de tout faire pour convaincre ce monde de changer avec nous. Tel est aujourd’hui notre destin, le destin de nos générations : prendre ces problèmes à bras-le-corps, pour sauver cette Planète avant qu’il ne soit trop tard. C’est notre responsabilité et c’est pourquoi nous sommes ici.

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Pourquoi la consommation du poisson est-elle au coeur des enjeux du développement durable ?

D’une importance cruciale pour une bonne partie de l’Humanité, le poisson fournit 17% des protéines animales consommées dans le monde (7% toutes protéines confondues, végétales et animales), procure 60 millions d’emplois direct dans le secteur primaire de la pêche et de l’aquaculture (respectivement 40 et 20 millions de jobs), et crée une valeur totale à la première vente de près de 400 milliards de dollars.

Plus de 3 milliards de personnes dépendent de la biodiversité marine et côtière pour subvenir à leurs besoins.

Poissons et fruits de mer

Le terme « Poissons » recouvre un large éventail d’organismes vivants des eaux douces et salées, les poissons bien sûr, mais aussi les crustacés, mollusques et autres animaux aquatiques ; c’est cette définition que l’on retient ici ; ce terme exclut les algues, les plantes marines et les mammifères aquatiques.

Les espèces marines consommées par l’Homme sont d’une variété extraordinaire et parfois inattendue, poissons osseux, raies, requins, crabes, crevettes, langoustes, mollusques céphalopodes, bivalves ou gastéropodes, oursins, concombres, ascidies (violets), mais aussi des étoiles de mer, des anémones et des méduses !

Poissons sur un étal

Consomme-t-on « plus » ou « moins » de poissons qu’avant ?

Chaque « terrien » consomme aujourd’hui 20.5 kg de poisson par an en moyenne, avec de fortes disparités régionales. La Malaisie et le Japon caracolent en tête (respectivement près de 60 kg et 47 kg/habitant/an), l’Union Européenne (UE des 28) est proche de la moyenne mondiale, avec environ 24 Kg *.

En un demi-siècle, la consommation a explosé (elle n’était que de 9 kg en 1960 !) ! C’est la conséquence de l’effet croisé de l’augmentation de l’offre (par la pêche et par l’aquaculture), de la demande globale liée à la démographie et à l’augmentation des revenus, mais aussi des progrès techniques permettant une réduction des gaspillages, grâce notamment à la réfrigération des produits, à la meilleure utilisation des ressources et à l’amélioration des circuits de distribution.

On estime qu’en 2018 la production mondiale aura atteint 179 millions de tonnes*, dont près de 90 % (156 millions de tonnes) destinés à la consommation humaine directe ; le reste (22 millions) étant consacrés à des usages non alimentaires (farine et huile de poisson), principalement l’élevage. Les chiffres sont éminemment clairs, depuis les années 1990, les captures en mer stagnent et restent à un plateau inférieur à 100 millions de tonnes, au contraire de la production par l’aquaculture en pleine expansion.

Continuerons-nous à en consommer dans les prochaines décennies ?

La tendance pour les prochaines années est même à la hausse, avec 200 millions de tonnes prévues en 2030 ! L’aquaculture poursuivra sa progression entamée dans les années 1980 puisqu’elle fournira 59 % de la consommation globale de poissons !

On le sait aujourd’hui, l’Océan et ses ressources nécessaires aux activités de pêche et d’aquaculture ne sont pas infinis (ce que l’on s’est laissé croire pendant des décennies) et les effets de la pêche impactent lourdement les écosystèmes. La communauté internationale l’a compris et les enjeux sont colossaux. La pêche et l’aquaculture durables sont aujourd’hui, plus que jamais, au coeur des stratégies de développement. Le chantier est titanesque.

Dans quel état se trouvent les ressources marines ?

Elles sont globalement très mal en point. A l’échelle mondiale, 34 % des stocks de poissons sont aujourd’hui exploités de manière non durable. 66 % sont considérés comme exploités de manière durable (à leur rendement maximum ou sous-exploités). Ce dernier chiffre est trompeur, la proportion des stocks de poissons « exploités » à des niveaux biologiquement durables était de 90 % il y a quarante ans !

En raison de la surpêche, la marge de manoeuvre se réduit d’année en année. Les captures en mer stagnent depuis une quarantaine d’année. Même en augmentant l’effort de pêche, l’Océan n’est pas capable d’offrir plus.

Si l’on raisonne en termes de quantités débarquées et non plus de «stocks», près de 80 % (78,7 % exactement) des captures proviennent de stocks biologiquement durables. 2 kg de poissons sur 10 continuent donc de stocks biologiquement non durables.

En consommant des produits de la mer de la pêche et de l’aquaculture non durables, nous contribuons à la disparition de la biodiversité

En affaiblissant les populations des espèces recherchées et en provoquant aussi des dégâts collatéraux sur un grand nombre d’écosystèmes, la pêche et les mauvaises pratiques participent à la perte (l’effondrement même) de la biodiversité. C’est l’une des conclusions du dernier rapport de la Plateforme intergouvernementale IPBES*. Environ 1 million d’espèces animales et végétales sont menacées d’extinction, notamment au cours des prochaines décennies, ce qui n’a jamais eu lieu auparavant dans l’histoire de l’humanité.

Pour les écosystèmes terrestres et aquatiques d’eau douce, «l’exploitation directe de certains organismes et des ressources» est l’un des cinq facteurs directs de perte de biodiversité, derrière les «changements d’usage (des terres et de la mer)», devant le «changement climatique», la «pollution» et les «espèces exotiques envahissantes (espèces invasives)».

Les impacts de la pêche et des mauvaises pratiques sur les écosystèmes et les espèces marines sont nombreux et variés, et nous y contribuons tous sans parfois même le savoir ! Beaucoup des populations d’animaux ciblées par la pêche s’appauvrissent et elles ne se reconstituent pas forcément même lorsque on arrête définitivement la pêche. Elles disparaissent, purement et
simplement.

La morue ou cabillaud (Gadus morhua) qui a nourri des générations d’êtres humains, n’est ainsi jamais revenue à Terre Neuve. Sa disparition a tellement modifié l’écosystème que celui-ci n’a plus été capable de l’accueillir à nouveau. L’histoire pourrait se répéter pour de nombreuses espèces et le point de non-retour de nouveau franchi.

Les prédateurs de haute mer, espadons, marlins, requins, thons, prisés pour leur chair et leurs ailerons, disparaissent de l’Océan. Les requins océaniques (Carcharhinus longimanus) ou makos (Isurus oxyrhinchus et I. paucus) deviennent très rares. Le requin ange, autrefois si abondant sur le littoral de la Côte d’Azur, et qui a donné son nom à la Baie des Anges, a quasiment disparu de la Méditerranée. Le requin blanc, les raies guitares lui emboitent le pas ! Or ces prédateurs jouent un rôle majeur dans la régulation des écosystèmes ! Leur disparition commence à entrainer, on le sait, des effets cascades*.

pêche poissons

Alors quelles sont les solutions ?

Les solutions pour concilier nos besoins et la préservation de l’Océan passent par une consommation responsable (durable) des ressources de la Planète et bien sûr marines. Mais qu’est au juste un produit de la mer durable ?

La « durabilité » couvre des aspects multiples et complexes, de natures environnementale, sanitaire, économique, sociale, éthique et culturelle, une complexité qui constitue un obstacle à la bonne compréhension des enjeux et à la prise de décision et qui impose de guider le citoyen et le décideur dans leurs choix !

Les scientifiques travaillent toujours sur la définition des critères de la durabilité, les amenant à proposer une synthèse * détaillée sur les dimensions, critères et indicateurs des flotilles de pêche françaises.

Tout au long des différentes étapes de sa chaine de valeur (on dit aussi « cycle de vie »), de la production (par capture ou élevage) à la consommation et l’élimination/recyclage, en passant par la transformation, transport, distribution, le poisson qu’on consomme génère des impacts sur l’environnement. La notion de durabilité est liée à la nature et à l’intensité de ces impacts étudiée par les scientifiques mais aussi aux critères d’acceptabilité retenus par la société.

Pour évaluer la durabilité de chacun des maillons de la chaine de valeur et du produit final, il faut pouvoir se fier à un référentiel qui prend schématiquement la forme du «portrait-robot du poisson durable».

Portrait-robot du poisson-durable

Le poisson durable idéal est celui qui (sans que cette liste soit limitative) :

  • Préserve la ressource (stocks/populations) et l’intégrité du milieu marin (qualité de l’eau, des habitats, fonctionnement des écosystèmes),
  • Ne participe pas à la pêche illégale,
  • Ne pollue pas et évite le gaspillage des ressources (eau, énergie, matières premières), qui s’inscrit dans une dynamique d’Economie circulaire et participe à l’Economie bleue,
  • Limite les émissions de gaz à effet de serre et ne contribue pas au changement climatique (les circuits courts sont une bonne solution),
  • Assure un revenu décent et équitable aux travailleurs et acteurs de la filière, respecte la dignité des personnes, bien sûr ne recourt pas aux formes modernes d’esclavage, respecte les communautés littorales,
  • Assure le bien-être aux poissons ou les fait souffrir le moins possible (dans les enceintes d’élevage, les manipulations, l’abattage),
  • Est sain et nutritif, possède de bonnes qualités organoleptiques,
  • Fournit des informations fiables qui « tracent » le produit (dit au consommateur ce qu’il mange de façon exacte, son origine, son mode de production), développe la relation de confiance entre les différents niveaux (producteur, mareyeurs, distributeurs, transformateurs, vendeur, restaurateur, acheteur, consommateur)
Mérou brun M.Dagnino

En savoir plus

- Corail, un trésor à préserver

Ce livre offre un panorama des connaissances actuelles en compagnie de ceux qui, à travers le monde, œuvrent pour mieux comprendre ces joyaux et s’engagent pour les préserver.

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Avec « Immersion », le Musée océanographique de Monaco propose une plongée virtuelle et interactive sur la Grande Barrière de Corail, à la rencontre des espèces emblématiques qui la peuplent, et de la mégafaune.

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Tableau aux tonalités presque irréelles, au Musée océanographique, les visiteurs peuvent découvrir et profiter de ce spectacle rare.